L’esprit d’éveil 4/5

Enseignement donné à Dhagpo Bordeaux le 3 mars 2013

Thinley Rinpoché

Le bienfait de la compassion

Alors quel est le bienfait de la compassion ? L’amour, nous l’avons déjà vu, n’est-ce pas ? Il est dit dans les textes que s’il y a une chose dans laquelle tout l’enseignement du Bouddha peut être contenu, c’est la grande compassion, la compassion universelle. Ce sentiment à lui seul est la voie. La bodhicitta ne peut pas naître sans elle. Sans l’amour, il n’y a pas de compassion possible. Sans la compassion, et en particulier la grande compassion, il n’y a pas de bodhicitta possible, pas d’intention de l’éveil possible, pas d’aide à tous les êtres possible. La bodhicitta s’appuie sur l’amour universel et sur la compassion universelle.

Session de questions / réponses

Tous les êtres ont été nos parents ?

Q : Il est question dans les textes que tous les êtres ont été nos parents et c’est un point que j’ai du mal à comprendre. Pourriez-vous développer ce sujet ?

R : Je pense que si vous voyez les bienfaits de l’amour et de la compassion, cela est une raison suffisante pour développer ces sentiments, sans qu’il soit nécessaire que tous les êtres sensibles aient été ou pas vos parents, n’est-ce pas ? C’est déjà en soi une raison suffisante, vues la vertu et l’importance de l’amour et de la compassion.

Maintenant, dire que tous les êtres sensibles ont été nos parents peut être compris de deux façons : on peut le prendre au sens littéral, comme vous le faites, ce qui est peut-être difficile à accepter d’un certain point de vue. Mais je crois qu’il faut le prendre dans son deuxième sens, à savoir qu’il s’agit désormais de considérer tous les êtres sensibles comme ses propres parents et donc, de transposer l’affection que l’on peut avoir pour ses parents sur tous les êtres. Par ce moyen, nous pourrons éprouver à l’égard de tous le même amour et la même compassion, qui sont les sentiments les plus nobles et ce qu’il y a de mieux que nous puissions faire. Pour nous aider à le faire, la raison d’amour et de compassion est suffisante, il n’y a pas besoin de prouver que tous les êtres sensibles ont été nos parents ou pas.

Pour revenir à votre remarque sur le fait que tous les êtres sont nos parents, il est vrai qu’à notre niveau ce n’est pas une chose que l’on peut véritablement comprendre, voir ou vérifier. C’est difficile à « gober », comme vous dites, et ce n’est pas un credo bouddhiste que vous êtes obligés de suivre. Il s’agit surtout de transposer ce sentiment à l’égard de tous les êtres, de les considérer tous comme nos parents.

Cette histoire de lien entre tous les êtres sensibles vient du fait que l’on considère l’esprit comme un continuum, sans fin ni début, puisqu’il n’a pas d’origine. C’est cela, l’idée des douze parties des coproductions conditionnées. L’esprit est sans naissance, il ne s’est pas produit linéairement à un moment donné, il est donc sans naissance. Mais lorsque l’esprit est dans l’illusion, il est dans tous les possibles de l’illusion. Il y a donc une infinité de vies possibles et, quand nous sommes dans un corps, dans le cadre de cette infinité, nous sommes avec les autres. On peut parler d’une infinité de liens et, dans cette infinité de liens il y a une possible infinité de liens parentaux entre les êtres. Donc chaque être sensible a été une infinité de fois nos parents.

C’est une logique un peu difficile à accepter telle quelle mais elle est à comprendre dans le contexte de la coproduction conditionnée : comme la non-naissance, l’esprit est sans début, l’ignorance est sans origine, l’illusion est sans origine. C’est d’ailleurs le propre de l’illusion qui, si elle avait une origine, ne serait plus une illusion mais une forme de réalité. Il faut voir par là que, dans l’infinité de nos illusions, on peut imaginer une infinité de relations entre les êtres et parmi elles, une infinité de relations parentales. Que des êtres aient été bons avec nous, du fait de la nature sans naissance, en est, en quelque sorte, le garant ou la preuve. Mais si nous essayons de réfléchir, à partir de notre saisie substantielle, à cette irréalité et à cette pensée sans commencement depuis des temps tellement lointains, nous ne comprenons pas. C’est un peu difficile à voir.

Pour cela, il faut creuser la notion de la vacuité. C’est là une autre façon de voir. Au lieu de se concentrer sur le lien parental entre les êtres, l’autre manière de développer la grande compassion et l’amour est, en fait, de comprendre la perfection de la sagesse. Si l’on comprend le raisonnement selon lequel il n’y a pas de fondation à la réalité, que la réalité est sans naissance, qu’elle apparaît par coproduction, qu’elle n’est donc qu’une illusion, on voit que tous les êtres qui prennent leurs illusions pour des réalités sont dans la confusion, qu’ils veulent leur bien-être mais créent leur souffrance. Cela suscite nécessairement la compassion, à cause de l’absurdité même de l’existence conditionnée. L’absurdité, c’est : on veut le bien et, au nom du bien, on crée sa souffrance. Si quelqu’un souhaite de la douceur mais prend un rasoir et se lacère, qu’y a-t-il de plus triste ? Qu’y a-t-il de plus désolant que de voir une telle situation, cette ignorance, cet égarement fondamental ? Celui qui comprend cet égarement développe nécessairement la compassion. C’est dans ce sens-là qu’on peut dire que la compassion ne peut se développer, jusqu’à sa perfection, qu’avec la lucidité et le discernement qui, eux aussi, impliquent nécessairement la compassion.

Tous les êtres qui prennent leurs illusions pour des réalités sont dans la confusion, ils veulent leur bien-être mais créent leur souffrance (Image rblas).

Ce n’est pas juste un « truc intellectuel ». Il y a deux façons de voir. En Occident nous aimons faire des distinctions, nous aimons la dualité, comme distinguer le cœur de l’esprit, n’est-ce pas ? Il y a d’un côté l’intellect et de l’autre l’affect, comme une barrière : ce qui est de l’ordre de l’intellect et de la raison, libre de tout affect, est juste, mais ce qui est de l’ordre de l’affect est toujours partial, faux, erroné…

C’est un a priori que nous avons souvent. Or il faut voir dans les deux cas un aspect positif et un aspect négatif. Dans l’affect, il y a un aspect négatif, c’est l’affect empreint de l’ego et de nos afflictions. Mais il y a un affect libre de ce conditionnement, c’est l’affect de l’amour pur, l’affect de la compassion pure, qui est éclairé par le discernement. De même, dans l’intellect, il y a l’intellect qui se méprend totalement dans des théories erronées ou qui est au service des afflictions, comme l’art de la guerre, qui est extrêmement rationnel, extrêmement précis, qui demande énormément d’intuition, de stratégie, d’intelligence. C’est une intelligence au service de la destruction, au service de la souffrance, au service du mal-être de soi-même et d’autrui. Cet intellect est égaré. Comme il y a un affect égaré, un intellect égaré, il peut aussi y avoir un affect non égaré et un intellect non égaré. C’est donc le non égarement qu’il faut rechercher.

Ce que n’est pas la compassion

Q : Vous avez défini la compassion comme n’étant pas, je vous cite, « une souffrance psychique qui nous paralyse », mais on sait très bien que, face à certaines souffrances, on est souvent dans cette paralysie.

R : Il faut voir ce qu’on peut faire. Quand je parle de paralysie, ici, c’est dans le sens où ces souffrances ne doivent pas nous pousser à l’immobilisme. La compassion nous pousse plutôt au dynamisme, c’est-à-dire à savoir si vraiment on éprouve de la compassion et comment on peut agir pour soulager. Parfois on peut faire, parfois on ne peut pas. Dans certains cas, on est démuni, c’est quelque chose qui nous dépasse. Quand on ne peut rien faire, on ne peut rien faire. Si on peut faire quelque chose, il faut le faire. Le problème est que l’on pense souvent : « ah, j’ai de la compassion ! », mais on reste troublé par ce qui se passe dans notre esprit, on est complètement autocentré. De ce fait, on oublie l’autre et l’on ne fait rien. Ce n’est pas ça la compassion, mais les gens vont souvent dans ce sens-là.

Sortir de son petit confort

Q : Pour compléter ce qui vient d’être dit, c’est vrai que nous sommes bien souvent (nous avons tous vécu ces situations) démunis face à des personnes en grande souffrance, notamment nos proches. Dans ces moments si particuliers, comment transformer cette difficulté à exercer notre compassion en amour, même si ce n’est pas facile ?

R : Ce n’est pas facile. Je crois que, souvent, ce qui fait obstacle c’est la peur que nous avons de sortir de notre petit confort. En effet, nous avons un certain confort et prendre en charge les difficultés d’un autre peut nous peser, de même que prendre de notre temps, de notre énergie… etc. C’est cela que, finalement, nous ne voulons pas accorder. Nous nous disons : « C’est son problème et non le mien, je ne peux rien faire. »

Il est donc nécessaire, à un moment donné, de cultiver le sentiment que nous pourrons prendre le dessus, que nous pouvons surmonter cela, surmonter ce moi et son petit confort et alors, nous serons prêts à endurer les difficultés que peut impliquer cette aide, ne serait-ce que pour ceux qui me sont proches. Parfois, nous tenons tellement à notre petit confort que, loin d’éprouver de la gratitude à l’égard de nos parents et de sacrifier un peu de notre temps pour les aider, nous préférons nous débarrasser d’eux, contents qu’ils partent vite.

Ainsi, même si nous ne pouvons pas offrir notre aide de manière universelle, chacun d’entre nous peut déjà essayer d’aider davantage ses proches. Une telle attitude contribuerait à créer beaucoup plus de bien-être dans notre société et ce, à tous les niveaux. Celui qui dépasse son petit confort récolte en fait beaucoup plus de confort qu’il ne le pense : c’est en effet son propre intérêt. Nous ne le voyons pas toujours, tellement nous sommes centrés sur cette vie-ci. Il faut non pas nous voir comme limités à ce corps mais penser que notre esprit n’est pas simplement un produit dérivé de la matière. Cette croyance que nous sommes limités à ce corps n’a jamais été prouvée, c’est un présupposé que nous avons mais aussi vrai que je suis là à présent dans cette vie, aussi vrai la prochaine vie se manifestera à moi.

Comment ne pas regretter l’aide apportée ?

Q : Je resterai dans le même genre de question. Quand nous essayons d’aider quelqu’un et que nous acceptons de sortir de notre petit confort, que cela nous coûte et que finalement nous nous retrouvons démunis, comment peut-on ne pas tomber dans le désespoir et du coup dans la souffrance devant cette impuissance ? C’est ma première question. J’en ai une autre qui est un peu différente. Vous avez pris, tout à l’heure, l’exemple de l’amour d’un enfant pour sa mère. C’est vrai que par nos racines chrétiennes, nous avons l’habitude d’entendre le contraire : l’amour d’une mère pour son enfant. Particulièrement dans nos sociétés occidentales, nous voyons le contraire, à savoir que nous avons beaucoup d’ingratitude et d’intolérance envers nos parents. J’ai du mal à comprendre cette attitude mais comment peut-on la dépasser et étendre notre amour à tous ? Si déjà nous sommes ingrats envers nos parents, comment pouvons-nous aimer les autres ?

R : Très bonnes questions. Nous allons commencer par la première. C’est vrai que parfois nous regrettons d’avoir résolu certaines difficultés parce que nous en rencontrons d’autres encore plus délicates. Je crois qu’ici la compassion veut dire : se donner les moyens d’aider les autres. Parfois, nous ne sommes pas prêts à faire certains sacrifices, et il ne faut pas les faire si nous sommes amenés à les regretter. En effet, il faut proposer notre aide avec joie et enthousiasme, c’est un point important. Pour ce faire, il est nécessaire de commencer par cultiver la base, c’est-à-dire essayer de cultiver l’amour et la compassion. Une fois que nous ressentons ces sentiments de façon très forte, que nous avons également cultivé les moyens – c’est-à-dire réfléchi à l’intention, la façon dont nous pouvons aider – à ce moment-là, nous trouvons la solution. Parfois, nous sommes démunis, non préparés, à une situation, au niveau de notre motivation et au niveau de nos moyens. Dans ce cadre-là, nous sommes sans force face à la difficulté de sorte que nous pouvons regretter notre aide ou souffrir beaucoup. Il est très important de s’y préparer à l’avance, en développant la bonne motivation ainsi que les moyens nécessaires pour venir en aide à la personne.

De l’ingratitude à la compassion

Pour ce qui est de la deuxième question, il est vrai que, dans notre société moderne, nous avons un sentiment d’ingratitude à l’égard de nos parents. C’est pourquoi je me suis permis de mettre l’accent sur ce sujet. Je n’ai pas dit qu’originellement vous éprouvez de la gratitude à leur égard. Je dis que nous avons de l’ingratitude et qu’il nous faut chercher à trouver de la gratitude. Comment ? En reconnaissant ce que nos parents ont fait pour nous. Souvent nous ne voyons pas tout ce qu’ils nous ont donné : l’éducation, la vie, un toit. Imaginez-vous, un jour, être un réfugié politique : vous vous retrouvez démuni dans un pays étranger, sans en connaître la langue. Même pour un adulte c’est très difficile. Nos parents nous ont donné de l’argent, nous ont vêtus, nous ont nourris, ils nous ont donné tellement de choses !

(Photo Xavier Mouton Photographie)

Nous, avons-nous déjà donné autant à quelqu’un ? Si quelqu’un fait ne serait-ce que le quart du tiers de ce que nos parents font ou ont fait pour nous, nous considérons que c’est le plus grand des amis. De plus, nos parents agissent ainsi sans rien attendre en retour, tout à fait gratuitement et nous ne le mesurons pas. Je vois quelques personnes hocher la tête : tous les parents ne sont pas parfaits. Il est vrai que quelques parents sont très égoïstes, d’autres sont malveillants, certains abusent de leurs enfants… etc. Mais malgré tout, indépendamment même de l’idée de gratitude à l’égard de nos parents, ce que nous devons développer c’est un sentiment d’appréciation : savoir apprécier les êtres, voir leurs qualités. Il y a certainement des défauts chez nos parents mais il y a aussi des qualités. Or souvent, nous regardons les manques et non les qualités développées.

Nous ne savons pas goûter les situations bénéfiques pour nous et avoir de la gratitude pour ceux qui en sont à l’origine. Ils avaient un certain pouvoir sur nous et ils auraient pu ne pas agir ainsi, ils auraient pu être pires qu’ils ne le sont et cette pensée, nous ne l’avons pas souvent. Aussi, c’est bien de savoir apprécier l’attention qu’ils nous portent même si elle n’est pas celle que nous souhaiterions. Quoi qu’il en soit, il ne nous faut pas faire de cette gratitude la condition de départ pour développer notre compassion.

La compassion est une qualité extrêmement grande et peu importe les raisons pour lesquelles vous l’avez, du moment que vous l’avez. Ma compassion n’est absolument pas liée au fait que mes parents sont exceptionnels. Ce qui vient d’être dit, c’est juste une réflexion pour nous aider lorsque nous nous interrogeons sur nos sentiments filiaux. Mais cette réflexion n’est ni universelle ni absolue. La compassion, en tant que qualité, est vraiment une qualité extraordinaire, une qualité qui nous fait dépasser notre ego, nos limites, qui nous transforme et nous porte vers l’éveil et c’est déjà suffisant en soi. Comment faire pour la développer concrètement ? Et bien, déjà, en essayant d’avoir de la compassion pour nos parents quand ils sont en difficulté. Pour ce faire, nous pouvons penser à la souffrance du monde, celle d’autres êtres… etc. Il s’agit de cultiver ces qualités par tous les moyens quels qu’ils soient.

Les limites des parents comme source de compassion

Q : Puisque vous avez vu ma réaction, je souhaite répondre : bien sûr, les parents sont comme nous et, à ce titre, ils ont des attentes. Ce qu’ils apportent peut ne pas être gratuit mais cela peut être objet de compassion. En effet, ils sont obscurcis par leurs propres attentes. Avoir conscience qu’il leur a été difficile d’aimer, de chérir, peut être au contraire source d’une compassion pour leurs limites.

R : Je ne dis pas le contraire.

Comment évoluer dans cette vie matérialiste ?

Q : Vous qui êtes un être éveillé, comment faites-vous pour évoluer dans cette vie matérialiste ?

R : Je ne suis pas éveillé. Comment je peux évoluer ? Tout comme vous, je m’inspire de l’enseignement de mes maîtres, de l’enseignement du Bouddha et j’essaie, autant que possible, d’appliquer ces principes dans ma vie, voilà.

Être touché par la souffrance des êtres

Q : Pour exercer la compassion, il faut finalement beaucoup de lucidité, du discernement, de la sagesse. Ce n’est plus trop le cœur qui est l’élan de départ. Je m’en rends compte à travers de ce que j’expérimente en ce moment. Quand on me fait mal, c’est dur d’avoir de la compassion : je suis emporté dans ce qu’il me fait souffrir et c’est très difficile effectivement d’avoir du discernement, de surplomber la situation pour voir que cette personne se fait souffrir également.

R : Oui, c’est vrai. Mais cela ne veut pas dire que le sentiment de compassion n’est pas empreint d’affect. C’est un affect quelque peu éclairé, certes, mais c’est le fait d’être touché par la souffrance des êtres qui nous pousse à vouloir agir pour eux. Nous éprouvons ce qu’ils éprouvent parce que nous voyons leur situation et nous la comprenons également. C’est donc une sensibilité qui englobe les niveaux intellectuel et affectif.

La compassion est une qualité extrêmement grande, peu importe les raisons pour lesquelles vous l’avez, du moment que vous l’avez (photo Gus Moretta).

Q : Concernant la réincarnation, est-ce que le bouddhisme donne des raisons pour lesquelles on ne se souviendrait pas de nos vies antérieures ? Je me demandais pourquoi nous n’avons aucun souvenir. Ce ne serait pas plus simple, enfin…

R : Si l’on se souvenait ? Oui, oui. Et bien, certaines personnes apparemment se souviennent. Il y a un psychiatre (il s’appelait Ian Stevensen) qui s’est intéressé, chez certains enfants, à la réminiscence de leurs vies antérieures. Il s’est demandé pourquoi ils avaient ces réminiscences. Serait-ce une maladie, par exemple ? Il a étudié des dizaines de milliers de cas. Pour les matérialistes que nous sommes, les cas les plus intéressants sont des personnes qui non seulement naissent avec un souvenir mais aussi avec des stigmates sur le corps, liés à leur mort précédente. J’ai vu des photos et c’est très impressionnant. Pourquoi des enfants ? Il semblerait que le fait qu’il n’y ait pas d’amnésie entre ces deux vies serait lié à une mort prématurée, soit par accident, soit par assassinat… etc., c’est-à-dire une mort très violente qui a marqué en quelque sorte le continuum de la conscience très fortement de sorte que la mémoire s’est inscrite dans le nouveau corps dans lequel ils ont repris naissance. Parfois ces personnes, avant d’être tuées, ont été torturées : on leur a coupé les doigts et l’enfant naît sans doigts. Un autre naît avec les traces précises de la trajectoire de la balle par laquelle il a été tué, avec une petite marque pour l’entrée et une plus grande pour la sortie. C’est très étonnant car il y a, à la fois, des stigmates physiques et un souvenir.

Dans la plupart des cas, notre vie présente a été, en quelque sorte, projetée par un passé qui s’est épuisé. À force de s’être épuisé dans sa vie passée, notre esprit s’est projeté vers l’avant, vers ce qu’il devient. Il y a ainsi une amnésie de ce qu’il a été, de cette force qui s’est épuisée dans le continuum de l’esprit, de sorte qu’il s’associe entièrement à son devenir, à son futur.

Comme on l’a vu dans les douze parties de la coproduction conditionnée, la conscience qui s’associe à un embryon, qu’elle s’approprie comme un moi, va vers l’avant, si je puis m’exprimer ainsi. Cette amnésie se produit donc assez naturellement dans la grande majorité des cas.

Sommaire
Episode 1 : Un bouddha et deux approches – Le bodhisattva – La bodhicitta – La grâce du Bouddha – La bénédiction de l’amour.

Episode 2 : Les 5 chemins (de l’accumulation, de la jonction, de la vision, de l’entraînement et sans entraînement) – Session de questions-réponses.

Episode 3 : La bodhicitta relative – L’amour et la compassion – Cultiver l’amour – Les différentes formes de compassion – Développer la conscience de la souffrance des êtres – Agir comme une « princesse infirmière ».

Episode 4 : Le bienfait de la compassion – Session de questions-réponses.

Episode 5 : S’entrainer à la bienveillance – Eliminer les souffrances et apporter les bienfaits – Une lumière dans la nuit – La perfection de la sagesse – Questions-réponses et conclusion.