Khenpo Chödrak Rinpoché
16 juin 2019 – Une journée avec un érudit
Au mois d’octobre dernier, le jour de l’inauguration du centre, Jigmé Rinpoché nous conseillait de mettre de l’énergie dans la dimension d’étude de l’enseignement du Bouddha. Quelques semaines plus tard, Khenpo Chödrak Rinpoché fait étape à Dhagpo Bordeaux pour un enseignement sur les quatre vérités des Nobles, comme pour répondre à ce conseil utile. Khenpo Chödrak avait visité Dhagpo Bordeaux il y a plus de 10 ans, avant même que le centre ne commence son activité. Cette fois, il a répondu à notre invitation pour un enseignement sur les quatre vérités des Nobles.
« La tradition bouddhiste, toutes écoles confondues, a pour but de nous libérer de la souffrance aussi bien temporaire qu’ultime. Si le but est le même, les méthodes pour y arriver sont différentes d’une école à l’autre. Pour soigner quelqu’un, les méthodes peuvent varier, il y a l’homéopathie, l’allopathie, la médecine ayurvédique, etc., mais leur but est identique. Quels que soient le médecin et la méthode utilisée, l’objectif est de soigner le patient. »
L’enseignement porte donc sur les 4 vérités, les fondements mêmes du bouddhisme. Le terme vérité est ici défini comme ce qui ne trompe pas :
La première vérité est ce qui est à connaitre, c’est celle de la souffrance
La deuxième vérité est ce qui est à abandonner, l’origine de la souffrance
La troisième vérité est ce qui est à obtenir, la cessation de la souffrance
La quatrième est ce qui est à mettre en œuvre : la vérité du chemin
Khenpo Rinpoché a expliqué la souffrance en termes de manque de liberté et de choix. Il est allé à l’essentiel : une fois que nous sommes nés, nous n’avons d’autre choix que de nous rapprocher de la mort, d’éprouver le vieillissement et de faire l’expérience de maladies. « Nous nous rendons compte que tous nous manifestons notre besoin de liberté, tout le monde veut être libre et parfois même le revendique. Mais à bien y regarder, nous constatons que cette liberté est très limitée. » Et il rajoute, « Personne ne souhaite souffrir et tous, nous voulons guérir de notre mal être et trouver des moyens de nous soigner. C’est pour cela que le Bouddha a enseigné la deuxième vérité des êtres nobles : les causes de la souffrance. »
Selon le Bouddha, nous trouvons les causes de la souffrance au cœur de chacun d’entre nous, dans les afflictions et la causalité (le karma). La véritable cause du mal-être se situe dans notre ignorance, le fait de ne pas être conscient de notre fonctionnement. Nous cultivons la pensée d’un « je » ou d’un « soi » là où il n’y en a pas. Nous touchons là au cœur de l’enseignement du Bouddha. Cette fois Khenpo Chödrak n’est pas entré dans les détails, il nous a plutôt invités à nous questionner : De quelle manière ce je existe-t-il ? Où est-il ? Comment fonctionne-t-il ? Nous connaissons la réponse : nous ne trouverons pas ce je, il est le fruit de l’ignorance ! Toutefois, nous ne pouvons faire l’économie de cette recherche contemplative afin d’expérimenter par nous même l’erreur cognitive dans laquelle nous sommes et qui génère la souffrance. C‘est ce qui est appelé la réflexion ou la contemplation, entre l’étude et la méditation.
Contempler la souffrance et comprendre que ses causes se trouvent en nous même pourraient nous décourager ou même nous culpabiliser. Mais ce n’est pas nécessaire, car ces deux premières réalités dont il nous faut prendre conscience débouchent sur la troisième vérité : la cessation. En épuisant les causes (afflictions et karma), le résultat s’épuise naturellement, la souffrance cesse. Si cette perspective nous inspire, une question alors s’impose : comment aboutir à la cessation de la souffrance et du mal-être ? Par la quatrième vérité, celle du chemin.
Khenpo Chödrak l’a présenté en trois dimensions ou trois types de pratiquants :
Ceux qui souhaitent rencontrer des conditions favorables en cette vie et les suivantes en pratiquant l’éthique par les actes du corps, de la parole et de l’esprit.
Ceux qui souhaitent se libérer définitivement de la souffrance et de ses causes en dissipant la saisie d’un soi grâce aux étapes de la méditation.
Ceux qui ne se limitent pas à leur seule libération, mais qui par l’attitude altruiste intègrent les autres dans leur pratique.
En une journée, Khenpo Rinpoché a abordé de nombreux thèmes issus de l’enseignement sans vraiment les développer. Il a donné faim ! Cette journée s’est terminée avec une exhortation à approfondir la pratique du chemin ; il nous a conseillé de suivre les enseignements qui expliquent plus en détail les différents sujets abordés.