Méditer, c’est apprendre à connaitre son esprit

Nendo Rinpoché

17-18 juin 2019 – Deux soirées d’enseignement

Première Soirée : gouyampo, l’amplitude de l’esprit

« Tous, nous partageons le même souhait, éprouver le bonheur. Dans le même temps, personne ne souhaite rencontrer la souffrance. Pour actualiser le bonheur, nous avons besoin de parcourir un chemin. Pour cela, il nous faut cultiver l’attention aux fonctionnements de notre esprit et être conscients des pensées qui s’élèvent en nous. » C’est ainsi que Nendo Rinpoché a commencé la première soirée d’enseignement à Dhagpo Bordeaux. Les deux soirées sont consacrées aux instructions sur la pratique méditative. Rinpoché commence par expliquer les conditions nécessaires à la méditation bouddhiste.

Il nous parle d’abord des ressources : « Pour obtenir la libération, c’est vers les trois Joyaux qu’il nous faut tourner notre esprit : le Bouddha qui représente l’éveil, le dharma ou l’enseignement qui nous montre ce qui est à abandonner et à appliquer et le sangha, ceux qui suivent l’enseignement donné par le Bouddha en le mettant en œuvre. » Il ajoute : « ce dont nous avons besoin c’est de cultiver à leur égard une confiance non fabriquée, non artificielle. »

Il aborde également l’éthique basée sur la compassion : « Quoi que nous fassions il nous faut agir avec un esprit tourné vers les autres, dans une orientation altruiste. Naturellement nous sommes portés à prendre soin de nous-mêmes, cela se fait sans effort. Il nous faut nous demander en quoi nous pouvons être utiles aux autres. Agissant ainsi, naturellement, orgueil et jalousie viendront à décroître en nous. Nous en avons tous dans l’esprit, mais si l’idée d’être utile aux autres nous imprègne, nous serons alors capables de mieux nous en rendre compte et la force de l’un et l’autre s’affaiblira. »

À propos de la méditation : « Ce dont nous avons besoin, c’est d’avoir une forme de gouyampo. De quoi s’agit-il ? De l’amplitude d’esprit, d’un esprit large, ouvert et spacieux. Les pensées discursives ont pour effet de resserrer l’esprit, ce qui laisse peu de place pour les pensées bénéfiques. Il nous faut trouver un équilibre intérieur pour les accueillir. »

« Cette détente marquée par la vigilance a pour but de mieux connaitre l’esprit et identifier ce qui est favorable ou défavorable. Pour nous y entrainer, il nous faut méditer. Un maître peut nous enseigner la manière de faire, mais lorsque nous l’écoutons, nous n’avons pas une certitude à 100 % de ce que nous entendons. Ce sont la contemplation et la réflexion qui nous mènent ensuite à la certitude. »

Des conseils concrets : « Quand nous pratiquons la méditation, nous n’avons pas besoin de stresser. Attentes et tensions ne sont pas nécessaires, il nous faut rester détendus. C’est ainsi que nous devenons capables de regarder l’esprit dans ses différents aspects ; il demeure détendu tout en préservant une part de concentration. De cette manière, dans la méditation, parfois nous ramenons l’esprit, parfois nous le laissons aller et nous pouvons constater par nous-mêmes les bienfaits de l’un et de l’autre. Alternant détente et attention, nous laissons l’esprit dans le gouyampo, dans son amplitude. »

Avant que nous méditions ensemble, Rinpoché ajoute encore une remarque : « Nous sommes pris par la pathologie du sérieux : nos études étaient sérieuses, notre travail est sérieux. À force, nous avons cultivé l’habitude de la sériosité. Il nous faut à présent cultiver la tendance de la non-sériosité. »

Deuxième soirée : les vagues et l’océan

Durant la deuxième soirée, Rinpoché a approfondi l’approche de la méditation. Voici à la suite un florilège d’instructions : « Où que nous soyons, il nous faut cultiver une connaissance de notre esprit, c’est ce que l’on appelle la méditation. Ce processus est entre nos mains, c’est de nous que dépend ce que nous expérimenterons. »

« Si l’on compare l’esprit à l’océan, les vagues sont alors les pensées qui nous traversent. Vagues et océan sont inséparables, comme le soleil et ses rayons. Les vagues peuvent être très fortes, elles finissent toujours dans l’océan, elles ne peuvent que revenir d’où elles viennent. »

« Si nous saisissons les pensées, nous continuons à cultiver la confusion. Sans saisir les pensées, nous sommes capables de nous établir dans la nature de l’esprit. Mais en fait les pensées nous ont déjà emmenés bien loin ! »

« Parfois, nous nous disons que les pensées ne sont pas bonnes pour notre esprit. Ce n’est pas le cas. Ce ne sont pas les pensées qu’il faut stopper, mais l’illusion qu’elles véhiculent. Nous avons besoin des pensées. S’il y en a beaucoup, cela signifie qu’il y a beaucoup de discernement. Nous en avons besoin. Sans discernement nous sommes stupides. »

« Il est important de détendre l’esprit. Quand l’esprit est détendu, le corps l’est naturellement également. Si l’esprit n’est pas détendu, le corps ne le sera pas non plus, nous ne nous sentirons pas confortables. Il y a une connexion d’attachement entre le corps et l’esprit. ».

« Il est bon d’alterner dans l’entraînement : détendre l’esprit et le concentrer. Si l’esprit est trop détendu, il s’éparpille, s’il est trop tendu, cela finit par générer des défauts. L’entrainement consiste à alterner les deux pour trouver par nous-mêmes l’équilibre dans notre esprit. »

« L’esprit doit être analysé par nous-mêmes, c’est à nous-mêmes de l’observer, de le regarder. Notre esprit est comme un enfant. Si on lui dit de rester là, il a envie de partir. Si on ne l’oblige à rien, il se pose de lui-même. L’esprit fonctionne naturellement ainsi. Comprenant cela, il nous faut apprendre à développer de bonnes habitudes. Nous habituons notre esprit à se poser, à demeurer, à cultiver également plus de compassion, à se comporter de manière plus vertueuse, etc. »

« Quand nous arrivons à poser l’esprit, à le laisser être, nous nous rendons compte qu’il ne peut demeurer longtemps. Nous nous demandons alors quoi faire ? Le conseil à ce moment est de regarder les pensées qui traversent l’esprit, qu’elles soient positives ou non. Regardant les pensées, nous apprenons à ne pas les suivre. Nous restons avec ces pensées qu’elles soient positives ou négatives. Ainsi, sans agir, nous reconnaitrons l’esprit. Si nous tentons de bloquer le mouvement des pensées, cela génère plus de perturbation encore. À l’inverse, les voir permet à l’esprit de se pacifier. »

« Quoi qu’il s’élève dans l’esprit, c’est cela qu’il faut regarder. Si nous pensons à notre père, nous restons avec notre père, si nous pensons à notre mère, nous restons avec notre mère, si nous pensons à notre maison nous restons avec notre maison. Ne construisons rien autour de cette maison, restons juste avec la pensée de la maison. Notre esprit ainsi posé, nous voyons la pensée sans lui donner de continuité. La pensée n’étant pas entretenue, alors naturellement elle disparaît. Si il y a une telle reconnaissance des pensées, même s’il y en a beaucoup, nous restons dans la méditation. »

« Il s’agit de nous familiariser. Comment ? En introduisant la méditation dans notre quotidien, en développant la largeur d’esprit, avec l’espace qui l’accompagne. Ne croyons pas que ce n’est que sur le coussin que la méditation va s’affermir. Il s’agit de cultiver la présence dans les différents aspects de notre vie. »

Une présence généreuse qui émane naturellement la bonté, des instructions précises et concrètes, une simplicité qui rend l’enseignement accessible, bref, Nendo Rinpoché a laissé chacun avec ce qu’il faut pour mettre en œuvre la pratique au quotidien et le souhait qu’il revienne l’année prochaine.

Bonne pratique à tous
L’équipe de Dhagpo Bordeaux